01. En face à face avec soi-même, tout en faisant corps avec les autres
On aurait pu s’en douter, le premier impact du confinement s’est ressenti sur le plan social. L’absence d’expériences collectives physiques a forcé l’introspection et le « face à soi ». Un nouveau paradigme qui a généralement été vécu de manière anxiogène pour la génération Z. Après une phase de laisser-aller pour certains, provoquée par la sidération, 70% d’entre eux ont mis en place ou repris des rituels : sport, hygiène, food, sociabilité en ligne. Car pour traverser cette crise, il a été admis qu’il fallait se faire du bien au corps comme à l’esprit, en retrouvant du temps pour soi et en soignant son apparence pour préserver son estime personnelle. Le cadre de vie a également été important. 21% d’entre eux ont cherché à améliorer leur intérieur. De quoi aussi donner envie de s’assurer le réconfort d’un chien ou d’un chat : 59% ont eu envie d’adopter un animal de compagnie.
Forte de ses partages sur les réseaux sociaux, cette génération a rapidement démontré sa faculté à « faire corps » face au désenchantement. Les notions de communs, d’engagement et de solidarité se sont alors imposées comme leurs valeurs. 63% des personnes interrogées ont déclaré vouloir s’engager pour des causes utiles, bien que 33% d’entre eux craignent un faible impact et que 73% aient du mal à identifier une cause qui leur tient à cœur. C’est un véritable désir de solidarité et de soutien « aux humanités » qui s’est manifesté, quitte à ne pas savoir vers quoi se tourner. 74% des répondants ne se sentaient pas assez informés sur les actions solidaires mises en place pour aider les personnes en difficulté.
Et alors, qu’en est-il de l’intimité penserez-vous ? Face au manque physique, c’est la souffrance psychologique qui prône. Car les réunions, les sorties, les soirées, sont généralement le lieu de stimulations sexuelles. Pour faire face à ce manque de contact, les jeunes ont été plus créatifs et ont adopté des stratégies de contournement pour pallier le manque de plaisir. En disposant de plus de temps, ils ont favorisé les expérimentations « tech », faisant de l’écran le médium principal de leurs liaisons. Un élément qui n’a pas échappé à la marque de préservatifs Durex, qui jouait de la situation dans sa campagne publicitaire sortie en juin 2020 dans le métro parisien.
02. L’eau, le sucre, le PQ ? Même pas peur !
Soyons honnêtes, pour beaucoup d’entre nous, le début du confinement a été synonyme de prévoyance et de précipitation vers les produits de base. Pourtant, 95% de nos répondants n’ont pas eu peur de manquer… à l’exception du tabac, première nécessité pour certains d’entre eux.
La confinement a toutefois eu un impact sur leurs habitudes de consommation, passées sur « off ». L’hyper-consommation habituelle a largement laissé place à la dé-consommation. De nouveaux comportements ont aussi émergé : l’achat de produits d’hygiène et de petits plaisirs a été privilégié quand celal était possible pour se chouchouter, se réconforter, se distraire et s’évader. Le « home made » est aussi largement revenu à la mode, en cuisine notamment : 60% ont privilégié les aliments non transformés. Le « budget serré » de certains a renforcé cette tendance sachant que 36% ont vu leur revenu baisser pendant le confinement. Globalement, le confinement a stimulé la débrouille pour faire face aux contraintes des commerces.
03. Inégalités : pas tous dans le même bateau !
L’arrêt d’activité a chamboulé l’économie et renforcé la précarité d’une partie de la Génération Z. Le confinement a révélé de fortes inégalités entre « ceux qui ont le privilège de pouvoir s’arrêter de travailler ou travailler chez eux » et les autres, mais aussi chez « ceux qui peuvent s’acheter des produits de qualité » et les autres. Même si 75% des répondants ont pu faire des économies, 25% d’entre eux, vont les utiliser pour combler le manque de revenu pendant cette période et faire face à la crise qui se dessine. Malgré ces craintes, la majorité de nos répondants a tenté de voir le confinement comme une nouvelle voie pour l’avenir : 57% ont affirmé vouloir consommer différemment dans le futur. 29% pensaient acheter plus de produits locaux et 90% déclaraient vouloir continuer à manger plus sainement.
04. La forêt brûle et nous regardons Netflix
La Génération Z est une génération « de l’intérieur » : elle passe 53% de son temps « dedans ».
Ce qui ne l’empêche pas d’être particulièrement soucieuse de l’environnement : la 6e extinction massive fait partie des trois sujets qui préoccupent le plus nos répondants. Et bien qu’hyper-connectée, la grande majorité (92%) des répondants a conscience de participer au désastre écologique à travers ses activités sur le web (consommation de vidéo en ligne, etc.).
Avant la pandémie, 31% d’entre eux consommaient déjà moins de viande et de poisson, 14% prenaient soin de manger moins industriel. C’est donc un attachement ambivalent au « dehors », symbole de la liberté du mouvement, qu’entretiennent les Z.
05. Environnement : contre la prophétie auto-réalisatrice
« On y est, on se rapproche du gouffre ». Cette crise a été le sursaut environnemental qu’il fallait à notre société selon 63% des répondants. La plupart se sont montrés réceptifs aux signaux d’amélioration, notamment le recul de 3 semaines du Jour du dépassement en 2020, marquant la date à partir de laquelle l’humanité vit « à crédit ». Ils seraient même prêts à pérenniser certaines contraintes en les transformant en bénéfices comme par exemple limiter les transports (43%).
La Génération Z réclame un fort engagement de la part du politique : 92% des répondants pensaient que les problématiques environnementales étaient à traiter d’urgence par les politiques parallèlement à la crise sanitaire mondiale. 54% d’entre eux réclamaient même la création d’une exception d’ingérence dans les affaires d’un État au nom de la protection de l’environnement. Malgré l’amélioration de l’état de la planète au cours du confinement, ils sont conscients qu’il faut faire mieux (57%) et qu’il est urgent de réduire la consommation de masse (67%). Mais bien que prêts à s’engager dans cette voie, 58% des répondants anticipent une reprise « comme avant » de la consommation au déconfinement.
06. Vers l’empowerment environnemental !
Puisque les solutions ne viennent pas de l’extérieur, ils sont prêts à les chercher en eux et autour d’eux. Dans la veine des Makers*, cette génération a soif d’apprendre à réparer les objets par elle-même pour limiter le cercle de l’obsolescence programmée (92%). Bien qu’il reste du chemin à parcourir en matière environnementale (62%) le confinement a éclairé certains d’entre eux sur de nouvelles solutions : acheter made in France en priorité (20%), en vrac le plus souvent possible (13%), limiter le supermarché (13%) et cuisiner plus soi-même (13%). De manière générale, le confinement a créé la nécessité impérieuse de « faire quelque chose » : 76% des jeunes ont déclaré avoir converti le temps libre en actions.
* « Un maker, c’est quelqu’un d’inventif qui fabrique lui-même des objets utiles à sa vie quotidienne, un informaticien qui bricole ses propres drones ou robots, ou encore un artiste qui détourne des objets… Autant de personnes qui adhèrent à la philosophie du faire soi-même et de l’autonomie d’accès aux objets de consommation, sans passer par le mass-market. »
Définition donnée par la sociologue des organisations Isabelle Berrebi-Hoffmann.
07. S’en remettre à l’État
Pendant le confinement, les jeunes ont globalement remis la responsabilité des arbitrages dans les mains de l’État. Le rapport au politique et au gouvernement était relativement ascendant : 100% ont estimé que les pouvoirs publics devaient être les principaux acteurs de la reconstruction de la société d’après.
08. Dans une pièce close, on a besoin de regarder par une fenêtre
L’enfermement physique a globalement déclenché chez les jeunes le besoin d’ouvrir leur horizon numérique. Les services à la demande sont donc arrivés à point nommé : 4 répondants sur 10 ont souscrit à l’un de ces services pendant le confinement, et pour la moitié d’entre eux, c’est vers DISNEY+ que leur choix s’est porté.
Sans grande surprise, l’usage des réseaux sociaux a aussi été renforcé pour 80% d’entre eux. Et si 58% d’entre eux utilisaient Instagram pour s’informer, 75% estimaient ne pas avoir pleinement confiance dans les informations trouvées en ligne. L’infobésité et le temps passé sur les écrans sont par ailleurs des sources de stress responsables d’une baisse de bien-être sans précédent chez les jeunes. Pour prendre du recul, la Génération Z partage l’actualité avec humour et publie des posts positifs pour garder le moral (58%), notamment des mèmes pour ironiser sur la situation. Autre outil numérique vers lequel les répondants se sont tournés : les applications de bien-être (67%).